Avertissement : ça me gave d'appeler mes filles "la grande" et "la petite" alors j'officialise leurs surnoms, donnés il y a un bout de temps déjà. Notre grande de 4 ans, souvent rêveuse va
s'appeler Bulle, et notre minichipie Crème.
Mettons que je pars du boulot à 17h05 pour aller chercher Crème. Elle est contente de retrouver sa maman mais veut passer aux toilettes (mais sans ses chaussures), dire au revoir aux copains
(mais en se faisant pincer les joues et donc "a mait mal").
On tente de marcher jusqu'au tram', enfin JE tente, elle essaie de ne pas avancer. Je tente toutes les ruses qui me passent par la tête : chanter "non pas tanter", regarder les logos des voitures
(un lion ... un losange ... des chevrons ...) mais elle décide de rester scotcher sur place. J'essaie de l'appâter avec des plaques d'égout, il reste 100 mètres, je suis contre le fait de la
prendre dans les bras car outre le fait que j'ai mal aux dos elle prend l'habitude d'être portée et le réclame tout le temps. Je vois un tram' arriver et là adieu les principes, je prends mon
paquet rigolard (ah ben tiens elle ne râle plus, ben non, se faire secouer dans les bras de sa maman c'est rigolo finalement) et je cours ... pour arriver devant des portes fermées. Pfff. Ça
m'apprendra à marcher sur mes principes.
Le voyage commence mal : "pas le tammmm" "pas le tammm". Il faut donc chanter une chanson, puis l'aide de nos voisins pour la divertir.
Arrivés à notre arrêt nouveau débat : mademoiselle veut rester écouter les cloches. Apparemment il y a une messe à 18h. Négociation, incitation et puis manque d'arguments. J'emploie donc la
méthode "je pèse plus lourd et donc si je te tiens par la main on avance". C'est bas, je sais, mais bon, ça fait déjà une heure que j'ai quitté le boulot. J'en ai marre. Après quelques jeux de
cache cache sur les pas de porte, un refus de la prendre sur mes "pépaules", une montée de plan incliné et redescente par les escaliers, nouveau problème : elle me soutient que la porte de chez
nous est "pa[r] là", sauf que non. Nouvelle négociation, elle trépigne, refuse de venir voir la porte d'entrée mais après un nouvel appât (parler à son papa à l'interphone) on arrive chez nous.
Là c'est loin d'être fini. Elle "p[v]eut pas laler mes mains" et en disant cela tente la sortie en crabe de la salle de bains, le dos collé au mur. Bulle semble plus en forme, veut dessiner, et
nous installons un atelier sur la table du salon. Un lapin (que notre grande veut signer "Bulle point com" [???]) et une ... création indéterminée plus tard (avec passage de 50 crayons pendant
que j'essayais vainement de prendre des notes pour ce soir) ces demoiselles sont prêtes pour passer à table.
Crème doit prendre un médicament en poudre mais refuse avec énergie et moult "pas le l'eau, pas le l'eauuuuuuu" que l'on dissolve la poudre, puis tente de renverser le verre, accepte finalement
de touiller, manque de renverser tout, se fait confisquer la cuillère, tape une crise, fait un séjour dans sa chambre le temps de hurler un peu moins fort, revient dans mes bras et avec une autre
ruse (course à celle qui boit le plus vite) finit par boire son médoc.
La suite du repas est moins agitée (bon ça veut dire qu'elles parlent sans discontinuer, parfois les deux ensemble, que Bulle nous dit "moi je fais pas de caprice" puis "je veux de l'osso
bucoooooooo !" dans la même minute, la routine quoi). Crème retrouve de l'énergie, engloutit sa soupe (donnée par moi bien sûr, faut pas rêver) et nous dit un "bom appétit" radieux. Ça se corse
pour leur papa lorsque Crème demande de la "momolette" et du "tête" (chèvre) et que bulle (en même temps bien sûr) choisit ses bouts de fromage, à livrer immédiatement. C'est un concert de
"celui-ci" et de "tetui-ti" et papa-rallélise pour s'en sortir.
Dessert calme, Crème chante "bateau, bateau, bateau, bateau" et Bulle propose de "jouer à couper le bras". Un peu de répit quand Crème a la bouche pleine de pomme et Bulle quémande un
demi-spéculoos en cuisine à son papa. De courte durée. Bulle revient et elle "a une idée".
S'ensuit une séance aux toilettes en duo, avec animation à la place (sentir les huiles essentielles que nous mettons dans la lessive). On passe ensuite au brossage des dents ou plutôt au mangeage
de dentifrice avec contre brossage paternel un peu musclé. Pour la mise en pyjama il reste encore à décider s'il est plus fatiguant de mettre Crème en pyjama (ce que j'ai fait) ou de s'assurer
que Bulle se mette en pyjama toute seule (ce que son papa a fait). Pas évident de choisir. Pour ne pas perdre le rythme on enchaîne par une mise sous enveloppe des dessins pour les grands-parents
(Crème ne veut pas lâcher la sienne, dur dur d'éviter de tout déchirer). Enfin un petit film de Barbapapa (ils ont cassé la maison des castors en la prenant pour une île mais en ont reconstruit
une vachement plus belle, tout va bien ne vous en faites pas), je retrouve les doudous (celui de Crème doit être dans le lit mais pas trop près d'elle, et je n'ai pas le temps de livrer celui de
Bulle que j'entends "té-tiiiiiiine" (on dit merci Maman !)). Deux bisous et puis voilà, modulo un lever pour dénoncer une chute de couette que Bulle ne sait pas remettre seule, le calme règne
chez nous.
C'était un soir chez nous, ce soir même, mais ça pourrait être n'importe quel soir, elles auraient pu refuser de manger leur plat, de passer à table ou d'aller se coucher, donc finalement
ça s'est bien passé.
Et si après ça il y a encore des gens qui doutent du bonheur d'avoir des enfants, je ne sais pas ce qu'il leur faut. Parce qu'avec tout ce que je vous ai raconté, si les gens, ne tombent pas en
dépression, ne s'enfuient pas à Honolulu, voire même décident d'avoir d'autres enfants, c'est que l'amour qu'ils nous apportent, les petits bonheurs qu'on partage au quotidien, bref les moments
de joie pure partagés doivent être sacrément forts ;o)
Sur ce j'aimerais bien vous donner des nouvelles de l'article promis hier mais en demandant des infos par mail j'ai eu un répondeur "automatique" (si si, un qui fait BIP BIP BIP à la fin).